Le Bénin a perdu, mercredi soir, un de ses émérites fils. L’ancien ministre et professeur de lettres, Roger Gbègnonvi a été retrouvé mort à son domicile. Face à cette énorme perte, plusieurs voix s’élèvent pour rendre hommage à l’illustre disparu. L’ancien ministre Moudjaïdou Issoufou Soumanou à travers une publication sur ses réseaux sociaux a également rendu au défunt professeur un émouvant hommage que l’Expression a décidé de relayer. En voici l’intégralité ci-dessous :
C’est avec vive émotion et une grande consternation que, malgré ma foi religieuse, j’ai appris la subite disparition du Professeur Roger GBEGNONVI, homme exceptionnel, d’une probité et d’une honnêteté sans pareil !
Homme de culture, il portait d’immenses valeurs morales et intellectuelles qui font de son décès une énorme perte pour notre pays.
Nous n’étions pas camarades, encore moins amis, quoique j’avais toujours une formidable admiration pour l’homme.
Mais la vie étant insondable, hasard ou clin d’œil de l’histoire, deux circonstances nous ont rapprochés : la première quand je fus nommé Ministre en Avril 2006 et la seconde, durant mon séjour carcéral à Ouidah en 2013/2014.PREMIÈREMENT : Quand je fus Ministre du premier gouvernement de l’ère du « CHANGEMENT », à tort ou à raison, j’avais fait l’objet d’attaques massives et virulentes orchestrées par certaines personnes que je me garde de nommer ici et qui avaient fait feu de tout bois pour m’empêcher de prendre fonction. Malheureusement, feu Professeur GBEGNONVI fut de ceux-ci.
Mais, moins de deux mois après ma prise de fonction, dans un environnement marqué par la situation ci-dessus décrite, il a demandé une audience, à ma grande surprise. Je me suis demandé ce qu’il voulait de moi.
Je l’ai immédiatement reçu et jusqu’à ce jour, je ne cesse de ressasser ce qu’il m’a dit, en substance : « Après vous avoir suivi comme du lait sur le feu durant vos premières semaines en qualité de Ministre de l’Industrie et du Commerce, je voudrais vous présenter mes sincères excuses pour m’être associé à certaines personnes et avoir protesté contre votre nomination sans vous avoir connu au préalable. J’ai fait confiance en une dame ( qu’il a nommée), mais je me suis trompé sur votre personne. Vous faites partie des rares Ministres pour lesquels j’ai une profonde admiration et j’ai du plaisir à suivre vos démonstrations. Veuillez accepter mes sincères excuses »!
J’avais coulé des larmes et ce geste du feu Professeur GBEGNONVI a davantage renforcé l’admiration et le respect que je lui vouais.DEUXIÈMEMENT : Des vingt-deux mois et quelques jours de mon incarcération, j’en ai passé à peu près dix-neuf à la Prison Civile de Ouidah.
Dès que le Professeur GBEGNONVI en eut été informé, il avait choisi de me rendre visite chaque Jeudi matin de 10 à 11 heures jusqu’à ma libération. Je n’ai pas souvenance qu’il ait manqué une semaine sans me rendre visite. Lorsque, pour une quelconque raison, il a un empêchement dans la matinée, il me fait parvenir l’information la veille en me demandant de l’espérer dans l’après-midi !
Cet homme incarnait l’humanisme
Ce fut un homme avec des valeurs qui firent de lui un être exceptionnel
En ce moment d’intenses douleurs, les mots me manquent pour qualifier véritablement Professeur Roger GBEGNONVI.
Je ne m’imaginais pas qu’il nous quitterait de si tôt.
Seul DIEU TOUT PUISSANT , le maître de l’horloge , détient pour chacun de nous les moments et circonstances de notre mort.
Toute mes condoléances aux familles et alliées.
Cher Roger , tu n’as pas vécu inutilement !
Repose en paix!SOUMANOU ISSOUFOU Moudjaïdou