Bénin : L’agriculture pour sécuriser la terre et les populations
Au Bénin, de nombreux petits agriculteurs travaillent sur des exploitations pour subvenir aux besoins de la famille. D’une superficie relativement petite qui dépasse rarement un hectare, ils cultivent des spéculations comme le maïs, le manioc, le haricot, l’arachide. La grande partie est pour la consommation et le reste convoyé sur des marchés de proximité qui s’animent par intervalle régulier de jours, soit tous les 4 ou 5 jours. Mais souvent, ces propriétés foncières n’appartiennent pas aux agriculteurs et elles ne sont pas non plus mises en bail.
Agriculteur à Hêvié, un arrondissement de la commune d’Abomey-Calavi, ville voisine à la métropole Cotonou, Hilaire Sodjègbé travaille sur un terrain d’environ un hectare. « Ce n’est pas ma propriété. Ma famille et moi habitons la localité depuis cinq ans environ. Nous avons trouvé la superficie vide avec des conséquences parfois néfastes pour tous les riverains », explique-il.
En parlant de conséquences néfastes, l’abandon des terres fait pousser des broussailles. Ce qui constitue un environnement favorable aux malfrats qui en profitent pour des braquages et cambriolages. « A un moment donné, l’insécurité était réellement grande dans la zone. Il fallait agir sans forcément attendre les autorités gouvernementales », indique un voisin de Hilaire, lui-même petit exploitant agricole.
Également, du fait de la brousse, les domiciles environnants, souvent sans clôture en matériaux définitifs, sont envahis par les reptiles notamment les serpents. Toute chose qui met davantage les populations en insécurité.
Face à ces réalités, des démarches sont menées vers les acquéreurs de parcelles qui ne sont pas encore prêts pour les valoriser afin qu’ils acceptent leur utilisation à des fins agricoles. Dans le même temps, ces acquéreurs comptent sur leurs voisins (exploitants agricoles de leurs domaines) pour les informer de tout ce qui se passerait éventuellement sur les domaines. « Il arrive que les plaques d’identification implantées sur les parcelles disparaissent ou carrément sont remplacés par d’autres, créant ainsi un contentieux foncier. Dès que celui à qui nous avons concédé l’utilisation du domaine constate de pareilles choses, il nous informe pour que nous prenions les dispositions nécessaires. Ce sont comme des surveillants pour nous », fait comprendre Ahiha Benjamin, propriétaire terrien à Zinvié, un autre arrondissement de la commune d’Abomey-Calavi.
Dans de nombreux cas, les concessions d’utilisation des domaines sont justes verbales et gratuites. Les deux parties ne signent pas toujours des actes pour matérialiser leur accord. « C’est une affaire de confiance. Puis, même si c’est gratuit, par courtoisie, nous offrons souvent une partie de la récolte au propriétaire terrien », laisse savoir Hilaire.
Joël C. TOKPONOU (Collaboration extérieure)