Politique

Bénin : Patrice Talon était face à la presse ce 24 décembre

Le chef d’Etat béninois Patrice Talon a accordé ce dimanche 24 décembre, un entretien exclusif à la presse au Palais de la Marina. Divers sujets concernant la situation actuelle et future du Bénin ont été abordés. Le président a évoqué les transformations significatives du pays depuis 2016, notamment en termes de rénovations infrastructurelles et de réformes politiques.

Trois jours après son discours sur l’état de la nation devant l’Assemblée nationale, le Président du Bénin, Patrice Talon, a fait une apparition médiatique significative. Dans une interview pré-enregistrée à la présidence et diffusée sur la télévision nationale Ortb et d’autres chaînes privées, il a abordé plusieurs sujets importants.

Sur le cas Olivier Boko

Actuellement dans son deuxième et dernier mandat, les spéculations sur les candidatures potentielles pour sa succession ont commencé il y a plus d’un an. Olivier Boko, un homme d’affaires béninois proche du chef de l’État, est souvent mentionné comme un candidat potentiel.

 » Vous avez parlé de mon ami Olivier Boko. Moi je ne sais pas s’il est candidat. D’abord, un, le moment n’est pas encore arrivé. Deuxièmement, je ne suis pas du genre à faire la promotion de ma famille, de mes amis, de mes proches, ce n’est pas mon genre. »

Interrogé sur ce qu’il pense de la possible candidature d’Olivier Boko en 2026, Patrice Talon a partagé sa position. Il a clairement indiqué qu’il ne soutient pas activement son ami : « Olivier BOKO, je ne sais pas s’il est candidat. Premièrement, le moment n’est pas encore venu et deuxièmement, je ne suis pas du genre à promouvoir mes amis ou ma famille », a-t-il déclaré.

« Il n’y aura pas de candidats au Bénin sans les partis politiques à l’avenir. Ce sont eux qui vont décider leur Candidat, leurs élus vont donner les parrainages. Et il faut souhaiter que ce soit ainsi pour qu’il y ait de l’ordre. »

Loi d’amnistie

Talon a affirmé qu’il n’a jamais demandé pardon à Yayi Boni et que ce dernier ne lui a pas pardonné. Il a souligné qu’il y a une confusion entre le conflit personnel entre lui et Yayi Boni et les affaires judiciaires impliquant des figures politiques comme Joël Aïvo et Reckya Madougou. Talon a qualifié la demande d’amnistie pour ces derniers de « demande folklorique », affirmant que même si le parlement était entièrement composé de membres du parti démocrate, une telle loi d’amnistie ne serait pas votée.

« Je n’ai pas compris ce que les Démocrates appellent Assises. Ils ont des préoccupations et ils pensent qu’il faut arrêter le pays sous l’arbre à palabres, échanger sur des choses qui ne présentent pas d’intérêt particulier. Il n’y a pas de crise aussi. Le pays fonctionne de mieux en mieux. »

Concernant le cas de Reckya Madougou, Talon a maintenu que sa condamnation était justifiée, car elle avait orchestré l’assassinat de l’ancien maire de Parakou. Il a indiqué que les complices de Madougou ont été arrêtés, ont avoué leur implication, et que des preuves de transactions financières liées à l’assassinat ont été découvertes, menant à la condamnation de Madougou.

En outre, Talon a critiqué le parti Les Démocrates, les accusant de promouvoir un retour à l’anarchie, en particulier en relation avec la fermeture de certains circuits illégaux de sortie de produits agricoles.

Diplomatie et Sécurité Régionale

Lors de son entretien au Palais de la Marina, le président Patrice Talon a abordé avec une clarté notable la question de la stabilité régionale, en se concentrant spécifiquement sur les situations au Niger et dans le cadre de la Cédéao (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest).

Le président Talon a exprimé une position ferme contre les coups d’État, soulignant leur impact déstabilisateur dans la région. Pour lui, « si nous applaudissons chaque fois qu’il y a un coup d’État… cela pourrait dégénérer, » Il met en évidence sa conviction que de tels actes ne doivent pas être tolérés ni normalisés.

Aussi, en critiquant ouvertement les coups d’État, Talon veut montrer son engagement envers la coopération régionale comme moyen de maintenir la paix et la stabilité. Cette approche est alignée avec les objectifs de la Cédéao, qui vise à promouvoir la coopération économique et politique entre ses États membres. En soutenant les principes de la Cédéao, Talon affirme le rôle du Bénin comme un acteur clé dans la quête d’une région plus stable et prospère.

« Atchakpodji »

Au cours de l’entretien, Patrice Talon a répondu aux critiques concernant sa position sur le pardon envers les exilés politiques et les condamnés politiques, affirmant qu’il était prêt à entamer des discussions avec Yayi Boni. Il a proposé de réaliser avec Boni Yayi, un rituel traditionnel africain appelé « Atchakpodji », qui se déroule sous l’arbre à palabre, pour résoudre les conflits. Il envisage de s’asseoir avec Yayi Boni et d’autres pour discuter et rappeler les faits qui se sont passés entre eux.

« Moi, personne ne m’a pardonné, de rien du tout. Ça me fait rire quand les gens disent que j’ai été pardonné. Moi, personne ne m’a pardonné de rien du tout parce que je n’ai été coupable de rien du tout. Il y a eu plusieurs procès engagés contre moi et j’ai tout gagné, tant ici au Bénin qu’en France. Ce n’est pas moi qui ai sollicité la réconciliation avec mon aîné Boni YAYI. C’était l’ancien Boni YAYI qui a fait cette demande parce qu’il a vu que j’étais très actif politiquement et comme je n’étais coupable de rien, il a voulu de la réconciliation. Et c’est de là où l’ancien président Sénégalais Abdou Diouf m’a appelé pour me dire que je dois me réconcilier avec mon aîné. Ce que j’ai accepté sur sa demande. Donc personne ne m’a pardonné de rien du tout. Ça me fait rire quand certains disent que j’ai été pardonné »

Talon a souligné que le différend entre l’ancien président Boni Yayi et lui était un conflit personnel, distinct des préoccupations nationales. Il a rappelé qu’il avait été un soutien de Yayi Boni avant que des désaccords politiques ne surgissent, menant à une situation qu’il a décrite comme une tragédie comique entre deux hommes, divertissant le pays mais suscitant également des inquiétudes.

En évoquant son départ du pays suite à des accusations, Talon a partagé les détails d’une situation tendue où il aurait été menacé par les autorités, incluant des tentatives de coup d’État, d’assassinat et d’empoisonnement. La justice béninoise a finalement conclu à un non-lieu, déclarant que les accusations n’avaient jamais été fondées.

Économie et Perception du Progrès

Abordant l’économie, Talon reconnaît une dissonance entre les succès institutionnels et leur ressenti par les citoyens. Selon lui, « le Bénin va bien… mais la magie est difficile à opérer à une si grande envergure pour satisfaire tout le monde. » Ainsi, Patrice Talon reconnaît que les effets des réformes économiques sont souvent retardés et compliqués par des facteurs externes tels que la conjoncture internationale. Il note donc que « la vie est de plus en plus chère en raison de la conjoncture internationale… le bonheur des revenus n’est pas à la hauteur de l’augmentation du coût de la vie. »

Abordant des sujets tels que la lutte contre la corruption et l’amélioration de l’infrastructure, Talon montre qu’il perçoit ces efforts comme essentiels pour poser les bases d’une croissance économique durable. « Nous progressons et qu’eux se révèlent à eux-mêmes… C’est même parfois des progrès que nous faisons. »

Tension avec le Nigéria

Patrice Talon, a aussi abordé les tensions passées entre le Bénin et le Nigeria sous la présidence de l’ancien président nigérian Muhammadu Buhari. Il a clarifié les raisons derrière la fermeture temporaire des frontières par le Nigeria.

Le président Talon a catégoriquement nié que la fermeture des frontières par le Nigeria était le résultat de tensions entre les deux nations voisines. « Le Nigeria n’a pas fermé ses frontières parce qu’il y avait des problèmes entre nos deux peuples. Non. Le Nigeria a fermé ses frontières parce que certaines personnes sont allées empoisonner et ternir leur pays. », a-t-il affirmé. Il a aussi souligné que la décision du Nigeria était une réaction à des informations fausses et diffamatoires propagées par certains individus.

Dans une note positive, Talon a révélé que le président nigérian Muhammadu Buhari lui avait exprimé ses regrets concernant la situation, en disant : « Le président Buhari m’a exprimé ses regrets. »

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