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Coup d’État au Niger : « L’État de droit régresse et aucun de nos pays n’est à l’abri d’une contagion », selon Affi N’guessan

Dans une déclaration publiée par voie de presse, le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’guessan revient sur le coup d’État au Niger. Il appelle la communauté internationale à ne pas s’en tenir à une « simple condamnation ». Il faut des actes concrets pour rétablir Mohamed Bazoum et la démocratie.

Concernant le coup d’État du 26 juillet au Niger, le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’guessan, reste droit dans ses bottes. Il n’est pas question de laisser les putschistes nigériens se maintenir au pouvoir au détriment du chef de l’État démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. Il y a un mois, sur X (ex twitter), il affirmait que « le coup d’État au Niger n’est pas consommé », appelant à soutenir « toutes les initiatives de la CEDEAO pour rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions ».

Dans une nouvelle déclaration publiée par voie de presse et consultée par L’Expression, le président du FPI dénonce la situation dans laquelle se trouve le président Mohamed Bazoum et sa famille. « Depuis maintenant deux mois le président de la République démocratiquement élu du Niger, notre camarade, notre frère, le président Mohamed Bazoum, est séquestré dans les sous-sols de la République, sans électricité. Son épouse et son fils subissent le même traitement. Tous trois vivent dans des conditions d’une extrême précarité », déclare-t-il.

Face à ce qu’il perçoit comme une régression de l’état de droit, Pascal Affi N’guessan déplore l’inaction de la CEDEAO et de la communauté internationale. « Depuis deux mois, la démocratie est en souffrance, l’État de droit régresse et aucun de nos pays n’est à l’abri d’une contagion qui sonnerait le glas des fragiles progrès accomplis par chacun de nous dans l’affermissement de nos démocraties », ajoute l’ancien premier ministre de Gbagbo.

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« Combien de temps encore, la CEDEAO, notre organisation régionale, pourra-t-elle tolérer qu’un chef d’Etat élu dans les urnes, soit retenu par les armes ? Sur quel autre continent, dans quelle autre région du monde, une telle hérésie serait-elle aujourd’hui possible ? » s’interroge le président du FPI. Pour lui, il faut que la CEDEAO pose des actes plus concrets et que la communauté internationale aille « au-delà de la simple condamnation ».

Lire l’intégralité de la déclaration de Pascal Affi N’guessan

Depuis maintenant deux mois le président de la République démocratiquement élu du Niger, notre camarade, notre frère, le président Mohamed Bazoum, est séquestré dans les sous-sols de la République, sans électricité. Son épouse et son fils subissent le même traitement. Tous trois vivent dans des conditions d’une extrême précarité.

Une véritable tragédie

Avec son président, c’est un pays ami de la Côte d’Ivoire qui traverse une véritable tragédie. Depuis deux mois, le peuple nigérien souffre en effet de sanctions difficiles, fruits de l’inconséquence des apprentis dictateurs.

Depuis deux mois, les groupes armés terroristes sèment à nouveau la terreur et c’est toute la région qui se trouve un peu plus fragilisée. Depuis deux mois, la démocratie est en souffrance, l’État de droit régresse et aucun de nos pays n’est à l’abri d’une contagion qui sonnerait le glas des fragiles progrès accomplis par chacun de nous dans l’affermissement de nos démocraties.

Depuis le début de cette invraisemblable prise d’otages, le chef de l’État du Niger fait preuve d’une détermination totale, d’un courage à toute épreuve. Il ne démissionne pas et cette bravoure rend possible le retour à l’ordre constitutionnel. Tous les Africains épris de démocratie et de liberté se tiennent à ses côtés.

Sa bravoure nous autorise à garder espoir. Pour nous tous, Mohamed Bazoum est devenu le symbole de la Résistance, le symbole du combat pour la démocratie. Nous lui rendons hommage et l’assurons une fois encore de notre soutien indéfectible.

Mais au-delà de cette évidente et fraternelle solidarité, nous disons notre amertume devant un désagréable sentiment de sur-place. Combien de temps encore, la CEDEAO, notre organisation régionale, pourra-t-elle tolérer qu’un chef d’Etat élu dans les urnes, soit retenu par les armes ? Sur quel autre continent, dans quelle autre région du monde, une telle hérésie serait-elle aujourd’hui possible ?

À vrai dire, nulle part ailleurs qu’en terre africaine et cette exception nous est intolérable. La crédibilité de l’institution est en jeu, sa fiabilité est en jeu. Mais la CEDEAO, c’est en réalité nous tous ; c’est aussi l’image que nous renvoyons de nous-mêmes qui est en jeu. Nous ne saurions nous résigner à l’impuissance, à l’enlisement.

Plus largement, la communauté internationale a condamné unanimement la tentative de coup d’Etat en cours à Niamey. Elle l’a fait avec une force particulière, une rare fermeté et une belle unanimité. Elle doit désormais aller au-delà de la simple condamnation. Nous le constatons à regret : depuis le 26 juillet, les médiations réelles ou supposées se heurtent à l’intransigeance des factieux. En dépit des négociations, des pressions et des sanctions économiques et financières, les militaires putschistes s’accrochent au pouvoir.

L’ingérence démocratique, un devoir

Je le dis avec solennité : de toute évidence, nos États ne pourront éternellement demeurer spectateurs de médiations avortées et de propositions fantaisistes. L’ingérence démocratique n’est pas seulement un droit. Au Niger, elle est pour nous tous un devoir ! Face aux hésitations des Etats, il appartient aux peuples de savoir imposer la loi de la démocratie.

Ils doivent se lever, toutes nationalités confondues, toutes tendances politiques confondues, afin de défendre un idéal partagé. Ils doivent sereinement, tranquillement, mais résolument signifier à tout dirigeant du monde et en particulier en Afrique qui s’écarterait de cet idéal, que certaines valeurs ne sont désormais plus négociables.

Ces valeurs inaliénables transcendent les frontières et les partis. La lutte pour l’environnement, la défense des droits des femmes unissent ainsi des femmes et des hommes, une communauté de peuples, qui inventent ensemble des modes d’action. La défense des principes démocratiques doit entrer dans le champ de ces grands combats transnationaux. Il s’agit en effet d’un défi de civilisation.

Les démocrates doivent savoir se retrouver, se mobiliser ensemble. Le combat pour la démocratie doit avoir ses militants, ses activistes. C’est un défi universel. La tragédie que traverse le Niger nous met collectivement au pied du mur. Du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest, démocrates de tous les pays, unissez-vous, unissons-nous. Sans cela, l’Afrique, le monde, ne seront jamais en paix.

Pascal Affi N’Guessan
Président du Front Populaire Ivoirien

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