
À Cotonou, du 7 au 11 juillet, une vingtaine de nations africaines se mobilisent pour sécuriser leur frontière numérique. Africa Endeavor 2025, coorganisé par le Bénin et AFRICOM, unit armées et experts pour contrer les cybermenaces. Un rendez-vous décisif.
Entre le 7 et le 11 juillet 2025, Cotonou, la capitale économique du Bénin accueille Africa Endeavor, un symposium d’envergure où unevingtaine de délégations militaires africaines convergent. Leur mission ? Renforcer la cybersécurité et les communications face à des menaces numériques qui ne cessent de croître. Coorganisé par les Forces armées béninoises et le Commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), cet événement s’articule autour d’un thème clair : »Sécuriser la frontière numérique : approches collaboratives et stratégies proactives ».
Une menace invisible, un défi commun
Le cyberespace redéfinit la guerre. Les attaques numériques, rapides et sans frontières, visent les institutions, les économies et la stabilité des nations. « Autrefois, les menaces étaient visibles, territoriales. Aujourd’hui, elles sont invisibles, globales, instantanées », déclare Fortunet Nouatin, ministre délégué à la Défense du Bénin. Il insiste : la cybersécurité est désormais un pilier de la souveraineté. Sans elle, les armées perdent leur crédibilité.
Africa Endeavor répond à cet enjeu. Depuis 2006, ce programme réunit des experts de plus de 40 pays, de l’Union africaine, de l’OTAN et de l’Union européenne. Objectif : bâtir une infrastructure de communication sécurisée et interopérable. À Cotonou, les discussions portent sur des stratégies nationales de cyberdéfense et des capacités de commandement, contrôle, communications et systèmes informatiques (C4).
Une exposition technologique pour l’avenir
L’innovation technologique occupe une place centrale. Une exposition met en lumière des solutions de pointe. Fournisseurs et industriels présentent leurs outils lors de sessions générales, suivies de démonstrations interactives. Ces technologies, des systèmes de cryptage aux réseaux résilients, équipent les armées pour contrer les cybercriminels. Les stands favorisent aussi le réseautage, connectant communicants africains et experts d’AFRICOM.
Aucune nation ne peut affronter seule les cybermenaces. Brian Shukan, ambassadeur des États-Unis au Bénin, le martèle : « Les cyberattaques ignorent les frontières. Elles fragilisent les institutions et déstabilisent les sociétés. La sécurité exige confiance et partenariats. » Africa Endeavor incarne cette vision. En unissant 28 pays, le symposium crée des systèmes interconnectés, rendant les cyberattaques plus difficiles. Chaque nation, du Bénin au Sénégal, en sort renforcée.
Pourquoi cet événement compte
Les causes de cette mobilisation sont claires. Les cyberattaques augmentent en Afrique, ciblant les infrastructures critiques et les données sensibles. En 2024, les ransomwares ont coûté des millions aux économies africaines. Les armées, souvent mal équipées, peinent à réagir. Africa Endeavor comble ce vide. Il mutualise les expertises, forme les cadres et promeut une culture stratégique commune.
Les conséquences sont majeures. Une Afrique numériquement résiliente protège ses institutions, ses économies et ses citoyens. Elle gagne en autonomie stratégique. Mais des failles persistent. Les disparités technologiques entre pays freinent l’interopérabilité. Le financement des infrastructures reste un défi. Et la dépendance envers des partenaires étrangers, comme AFRICOM, soulève des questions de souveraineté.
Africa Endeavor 2025 n’est pas qu’un symposium. C’est un signal fort. L’Afrique refuse de rester un terrain de jeu pour les cybercriminels. « La sécurité numérique se gagne dans la coopération et l’anticipation », rappelle le ministre Nouatin. À Cotonou, les nations africaines posent les bases d’un cyberespace sécurisé, partagé, résilient. Un pas vers une souveraineté numérique collective.
Par Yêdafou KOUCHÉMIN



