
Dans l’ombre des forêts de la Pendjari, le commissariat de Tanougou a essuyé une attaque d’une violence inouïe, la deuxième en un mois. Hier, à 17h50, des assaillants armés ont défié les forces béninoises, mais la riposte, fulgurante, a prouvé que le courage et la détermination l’emportent face à la terreur.
Le commissariat de Tanougou, situé dans la commune de Tanguiéta, près du parc national de la Pendjari, a été la cible d’une violente attaque armée hier, mercredi 4 juin 2025, vers 17h50. Cette seconde offensive en moins d’un mois, menée par un groupe armé non identifié, marque une intensification des tensions sécuritaires dans cette région frontalière du nord du Bénin. Malgré la violence de l’assaut, les forces de sécurité béninoises ont répondu avec détermination, démontrant leur résilience face à une menace persistante.
Selon des sources militaires et des témoignages locaux, un groupe important de combattants armés, équipés d’armes automatiques, a surgi à pied depuis les zones montagneuses environnantes, profitant d’une pluie torrentielle pour lancer leur assaut. L’attaque, qui a débuté par des tirs nourris sur le commissariat, visait à déstabiliser les forces de l’ordre stationnées dans ce poste stratégique. Renforcé récemment par les troupes d’élite de Mirador à la suite d’une première attaque survenue en mai 2025, le commissariat a fait face à une offensive d’une intensité rare.
Les échanges de tirs, d’une violence extrême, ont duré près d’une heure. Les assaillants, bien organisés, ont tenté de submerger les positions des forces de l’ordre, mais la riposte des policiers et des militaires présents a été immédiate et robuste. Un hélicoptère d’attaque, déjà en opération dans la zone nord du département de l’Atacora, a été redirigé vers Tanougou pour appuyer les troupes au sol. Cette intervention aérienne a joué un rôle déterminant, forçant les assaillants à battre en retraite vers les forêts denses du parc de la Pendjari, où ils ont finalement disparu.
Une résistance exemplaire
Le bilan de cette attaque, bien que tragique, témoigne de la capacité des forces béninoises à limiter les pertes face à un adversaire déterminé. Deux policiers et trois militaires ont perdu la vie dans les combats, portant à cinq le nombre de victimes au sein des forces de défense et de sécurité. Trois blessés ont été recensés : l’un, dans un état grave, a été évacué par hélicoptère vers l’hôpital de Natitingou, tandis que deux autres ont été transférés vers des structures médicales à Tanguiéta. Aucun décès n’est à déplorer parmi les blessés à ce stade, grâce à une évacuation rapide et efficace.
Aucun corps d’assaillants n’a été retrouvé sur les lieux, ce qui suggère que les terroristes ont emporté leurs morts ou blessés lors de leur repli. Cette tactique, souvent utilisée par les groupes armés opérant dans la région, complique l’identification des responsables. Cependant, des sources sécuritaires pointent du doigt des groupes djihadistes affiliés à des organisations actives au Burkina Faso voisin, tels que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ou l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), connus pour leurs incursions transfrontalières.
Une région sous pression, mais des forces résilientes
Cette attaque intervient dans un contexte sécuritaire préoccupant au nord du Bénin, où les incursions de groupes armés se sont multipliées ces dernières années. La proximité de la frontière avec le Burkina Faso, théâtre d’une insurrection djihadiste depuis 2015, expose des localités comme Tanougou à des menaces constantes. La première attaque contre le commissariat, survenue le 14 mai 2025, avait déjà mis en lumière la vulnérabilité de cette zone stratégique, bien que l’intervention rapide de la population et des forces de l’ordre ait permis de limiter les dégâts à l’époque.
Depuis cet incident, les autorités béninoises ont renforcé leur dispositif sécuritaire dans la région. L’arrivée des troupes Mirador, spécialisées dans la lutte contre le terrorisme, et l’utilisation d’équipements adaptés, comme des véhicules blindés et des hélicoptères, témoignent d’une volonté de reprendre l’initiative face aux groupes armés. L’intervention aérienne rapide lors de l’attaque d’hier illustre également une meilleure coordination entre les unités terrestres et les moyens aériens, un atout crucial dans cette zone difficile d’accès.
Une réponse collective face à la menace
Au-delà de la riposte militaire, la mobilisation de la population locale reste un pilier essentiel de la stratégie sécuritaire béninoise. Lors de l’attaque de mai, les habitants de Tanougou avaient déjà joué un rôle clé en aidant à maîtriser un incendie allumé par les assaillants. Cette dynamique de coopération entre civils et forces de l’ordre renforce la résilience communautaire face aux tentatives de déstabilisation.
Les autorités béninoises, conscientes des défis posés par les tactiques asymétriques des groupes armés, continuent d’adapter leurs stratégies. L’utilisation accrue d’équipements spécialisés, comme des véhicules conçus pour résister aux engins explosifs improvisés (EEI), a permis de réduire l’impact des attaques, comme en témoigne une précédente opération à Tanougou en mars 2025, où neuf soldats blessés ont été protégés par un véhicule blindé.
Par Yêdafou KOUCHÉMIN