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Cyber Africa Forum 2025 : Cotonou pose les bases de la résilience numérique africaine

La capitale économique du Bénin, Cotonou, est devenue, les 24 et 25 juin 2025, le centre de la cybersécurité africaine en accueillant la 5ᵉ édition du Cyber Africa Forum (CAF). Après une édition 2024 réussie à Abidjan, marquée par un engagement collectif en faveur d’un numérique africain plus sûr, le forum de 2025 se consacre à renforcer la construction d’un écosystème numérique africain résilient.

Avec pour thème « Résilience des écosystèmes numériques : de la nécessité de changer de paradigme », le CAF 2025 s’attaque aux défis de la gouvernance numérique, aux choix technologiques et à la culture du risque, de sorte à poser les bases d’écosystèmes numériques plus robustes, inclusifs et durables.

En rassemblant à Cotonou un éventail diversifié d’acteurs, à savoir décideurs politiques, chefs d’entreprise, experts en cybersécurité, start-up, institutions internationales et membres de la société civile, il offre une plateforme unique pour transformer le numérique en moteur de souveraineté et de croissance économique.

Lors de l’ouverture du forum, le Commissaire général du Cyber Africa Forum, Franck Kié, a souligné le rôle central du numérique dans le développement africain. Dans son allocution, il a mis en avant les avancées réalisées depuis les débuts du forum en 2021, malgré des défis majeurs tels que la pandémie mondiale. « Aujourd’hui, le monde continue de faire face à plusieurs crises, qu’elles soient numériques, économiques, sécuritaires ou politiques », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Nous sommes donc à un carrefour stratégique pour l’Afrique, pendant que les équilibres se redessinent sous nos yeux. »

Selon lui, le potentiel économique du numérique sur le continent est grand, avec un marché qui pourrait peser 180 milliards de dollars d’ici 2025, soit 5 % du PIB africain, et une population connectée atteignant 70 % d’ici 2030. « Au-delà des chiffres, nous avons déjà montré que nous sommes capables de relever le défi, et le Bénin, comme la Côte d’Ivoire et d’autres pays d’ailleurs, s’est imposé comme un hub », détaille-t-il.

Cyber Africa Forum 2025 : Face aux cybermenaces, l’Afrique choisit la résilience comme stratégie d’avenir

Toutefois, précise Franck Kié, l’accélération de cette dynamique sur le continent nécessite de renforcer la collaboration entre les acteurs du numérique tout en continuant à investir massivement dans le capital humain africain. « C’est en ce sens que la résilience, dans sa dimension à la fois de résister au choc actuel et futur, prend tout son sens et c’est la raison pour laquelle nous avons choisi ce thème pour cette 5ᵉ édition », déclare le commissaire général du CAF.

En procédant au lancement officiel de la 5ᵉ édition du CAF, la ministre du Numérique et de la Digitalisation, Aurélie Adam Soulé Zoumarou, a insisté sur les impacts humains de la cybersécurité. S’appuyant sur des exemples relatifs aux citoyens lambda (élève, commerçant, etc.), elle a évoqué l’importance d’inclure tous les segments de la population dans les stratégies de cybersécurité, pour éviter de creuser davantage les inégalités numériques.

« À force de parler de systèmes, de logiciels, de protocoles, on oublie parfois une chose essentielle. Et si la première faille de sécurité était en chacun d’entre nous ? Dans une décision négligée par un directeur ou qu’il tarde à prendre, dans une alerte qu’un cadre de l’entreprise ignore, dans un mot de passe trop simple, choisi par vous et moi. Et si on focalisait nos actions sur l’humain comme première barrière ? Peut-être que s’il y a un changement de paradigme à faire, c’est bien celui-là. Parce que l’humain, c’est le premier pare-feu contre les méfaits de la cybercriminalité », a déclaré la ministre du Numérique et de la Digitalisation.

Cyber Africa Forum 2025, Cotonou pose les bases de la résilience numérique africaine

À ce titre, la ministre a plaidé pour un changement de paradigme qui intègre comme priorités la formation, la sensibilisation, l’éducation numérique et la prise de décisions rapides par les gouvernements et les entreprises. Pour elle, cette vision humaniste guide les actions du Bénin, qui s’est imposé comme un leader en cybersécurité sur le continent.

« Nous avons formé, nous avons sensibilisé, nous avons mobilisé dans les ministères, auprès des magistrats, des forces de sécurité et surtout auprès des jeunes, notamment, oui, les jeunes filles. Et nos efforts portent leurs fruits. Le Bénin a progressé de manière significative dans l’indice mondial de cybersécurité de l’Union internationale des télécoms », souligne Aurélie Adam Soulé Zoumarou.

Depuis 2020, le Bénin a opérationnalisé une stratégie nationale de sécurité numérique. Avec des initiatives comme un centre national de réponse aux incidents, un laboratoire d’analyse forensique et des politiques de protection des infrastructures critiques, le pays a connu une progression notable dans l’indice mondial de cybersécurité de l’Union internationale des télécoms. Ce succès est porté par des talents locaux célébrés avec enthousiasme durant le forum.

Deux jours d’échanges pour construire l’avenir numérique africain

Pendant deux jours, le Cyber Africa Forum 2025 a réuni une diversité d’acteurs pour débattre, partager et concevoir des solutions concrètes aux défis numériques du continent. Des décideurs publics, des chefs d’entreprise, des start-up et des institutions financières ont convergé à Cotonou pour travailler à la transformation numérique de l’Afrique.

Les sessions ont été structurées autour de thématiques stratégiques, mettant en lumière l’urgence d’une cybersécurité proactive. Parmi les sujets phares, on trouve l’anticipation des défis technologiques de demain, avec un focus sur les intelligences artificielles non maîtrisées et les risques qu’elles posent aux écosystèmes numériques africains ; la souveraineté numérique, perçue comme un enjeu crucial pour les pays du continent qui cherchent à protéger leurs infrastructures critiques tout en développant leurs capacités locales ; le financement des innovations numériques, un impératif pour permettre aux start-up africaines de rivaliser sur la scène mondiale.

Des ateliers interactifs ont permis d’approfondir les discussions, offrant aux participants l’opportunité de nouer des partenariats, d’échanger des idées novatrices et de construire des stratégies alignées avec les réalités africaines.

Vers un engagement collectif durable

Tout au long du forum de Cotonou, l’accent a été mis sur la collaboration et l’action concertée. Comme l’a souligné Franck Kié dans son discours : « chacun d’entre nous détient une part de la solution, car aucune action isolée ne suffira ». Ce message a trouvé écho dans les interventions des experts, qui ont insisté sur l’importance de mutualiser les ressources et de créer une alliance permanente à l’échelle continentale.

Jesdias LIKPETE

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