Philippe Hado éteint à 69 ans : une plume au service de la vérité

Philippe Hado, figure emblématique du journalisme béninois, s’est éteint le 4 juillet 2025 à 75 ans, fauché par un arrêt cardiaque. Sa plume incisive et son intégrité laissent un vide criant dans un paysage médiatique fragile. Une légende s’en va.
Le choc est brutal. Philippe Hado, 75 ans, n’est plus. Un arrêt cardiaque a emporté ce colosse du journalisme béninois, doyen respecté, dont la plume incisive a sculpté des décennies d’information rigoureuse. La nouvelle tombe comme un couperet : le paysage médiatique, déjà fragile, perd une de ses rares boussoles. À La Nation, Nouvelle Expression, L’Autre Quotidien, des rédactions pleurent une référence.
Un journaliste sans compromis
Hado n’était pas un reporter ordinaire. Il ne se contentait pas de relater : il disséquait. Chaque article était une lame affûtée, taillant dans les faux-semblants de la société. À La Nation (ex-Ehuzu), il imposait une rigueur sans faille, transformant un quotidien de service public en rempart contre la médiocrité. Ses éditoriaux dans L’Autre Quotidien étaient des uppercuts. Politiques, entrepreneurs, notables : personne n’échappait à son regard perçant. Au Centre Wanad, ses travaux secouaient les conventions. À Nouvelle Expression, qu’il a cofondée, il donnait voix aux sans-voix – ruraux, marginaux, oubliés – avec une empathie rare.
Son style ? Tranchant. Direct. Sans détours. Hado ne caressait pas l’ego des puissants. Il décryptait les dynamiques économiques, les tensions rurales, les luttes de pouvoir avec une lucidité qui dérangeait. Face à la censure, il ne fléchissait pas. « Un journaliste sans courage est un scribe sans âme », répétait-il. Cette phrase, gravée dans nos mémoires, résonne comme un défi lancé à une profession souvent tentée par la complaisance.
Un mentor qui forgeait des esprits
Hado n’était pas seulement une plume. Enseignant dans les écoles de journalisme, il a formé une génération de reporters. Ses cours, mélange de rigueur académique et d’anecdotes de terrain, étaient des manifestes. « Posez les questions qui dérangent », martelait-il. Il ne formait pas des suiveurs, mais des esprits critiques, des journalistes prêts à défier l’ordre établi. Ses étudiants, aujourd’hui dans les rédactions du Bénin et au-delà, portent son empreinte. Ils parlent d’un mentor exigeant, passionné, qui transformait chaque leçon en un appel à l’action. Hado vivait pour la vérité, et il nous poussait à en faire autant.
Un legs face à un vide
La mort de Philippe Hado laisse un gouffre. Le journalisme béninois, déjà secoué par les pertes récentes vacille. Hado n’était pas qu’un confrère ; il était une référence, un phare dans un océan de compromissions. Sur les réseaux sociaux, les hommages fusent : « Un géant s’effondre », « Une boussole brisée ». Ses mots, ses combats, ses leçons restent. Mais le vide est là.
Hado n’aurait pas voulu de larmes stériles. Il aurait exigé qu’on relève le flambeau. Le journalisme béninois, orphelin, doit se réinventer. Face aux pressions politiques, aux défis économiques, à la précarité des rédactions, il faut du courage. Hado nous a montré la voie : une plume acérée, une éthique inflexible, une passion pour les vérités qui dérangent. À nous d’écrire la suite.
À toi, Philippe, merci. Ta voix résonne encore. Ton courage nous défie. Repose en paix, doyen.



