Bénin/Recrutement des démobilisés de 2015 : Le faux procès fait à l’armée
L’Armée, après avis favorable du gouvernement, procède au recrutement de 700 jeunes gens pour intégrer ses rangs. Un recrutement qui, en même temps qu’il est un soulagement pour de nombreux jeunes béninois qui souhaitent faire du métier des armes leur profession, provoque des grincements de dents chez les démobilisés de la classe 2015 et leurs proches.
Sur les 700 jeunes gens à recruter pour intégrer prochainement les rangs des Forces Armées Béninoises, 200 places sont réservées aux démobilisés de la classe 2015. Au total, c’est 300 de ces démobilisés qui auront la chance de quitter le chômage pour retrouver le chemin de l’emploi, la Police Républicaine ayant également prévu d’en recruter 100.
Mais ce nombre jugé insuffisant par certaines personnes au regard de l’effectif des démobilisés, plus de 1 500, est sujet à de nombreuses interprétations et condamnations à l’encontre de l’Armée. Pour ces personnes, il n’est pas concevable que plus d’un millier de jeunes gens soient recrutés, entrainés au maniement des armes puis utilisés presque gratuitement pendant 18 mois au sein des différentes unités de l’armée pour être en fin de compte renvoyés chez eux sans suite.
Un faux procès
Le procès fait aux Forces Armées Béninoises concernant la démobilisation des recrues de la classe 2015 n’a pas raison d’être. Autrement, ce serait faire preuve d’une regrettable inculture. Et pour cause ! Il n’est inscrit nulle part que l’armée avait obligation de rappeler tous ses conscrits. Que les recrues de la classe 2015 aient été laissées chez elles n’est pas un tort. C’est une situation tout à fait normale et le Bénin a déjà connu des cas similaires de l’indépendance jusqu’en 1990. C’est d’ailleurs seulement à partir de cette année-là que le nombre de conscrits réengagés est allé à la hausse. En 1973, par exemple, seuls 10% de conscrits ont été rappelés. Dans le cas des démobilisés de la classe 2015, le taux est au-delà de 15%.
Qui plus est, la Constitution béninoise fait du service militaire une obligation pour chaque citoyen béninois. Alors, que de jeunes béninois aient été appelés à apprendre à défendre leur nation et à la servir ne devrait pas faire autant de remue-ménage.
Prime au mérite
En recevant de l’exécutif un accord pour combler le déficit de personnel qui se fait sentir depuis des années au sein des composantes de l’Armée béninoise, le Haut Commandement militaire a jugé bon de donner une chance aux anciens conscrits de 2015. Il ne s’agit pas d’un devoir, ni d’une obligation, mais juste d’une opportunité. Tous n’auront donc pas la chance de revenir. Seulement les plus méritants et ceux qui ont auront pris sur eux d’être irréprochables.
« Tous ceux qui auront reçu des blâmes, des avertissements ou auraient fait, ne serait-ce qu’un jour de prison, ne seront plus repris », a déclaré un officier supérieur de l’Armée béninoise.
Quant au recrutement en lui-même, il ne sera en rien comparable à celui de 2015. Le chef de l’Etat dont la rigueur n’est plus à démontrer a donné des instructions fermes pour qu’une transparence totale soit observée.
A l’issue du processus, seuls les jeunes gens véritablement aptes et méritants seront envoyés en formation pour ensuite renforcer l’effectif de l’Armée béninoise. Cela est d’autant plus important que la sécurité d’une nation et de ses citoyens, est trop importante pour être confiée à des personnes qui devraient leur intégration à un concours truqué. En cela, le souci de transparence du président Patrice Talon, est fort à propos.
Jesdias LIKPETE