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Vivriers à l’export : un coup économique qui peut tout changer

Le Bénin joue gros ! L’interdiction d’exporter les vivriers tombe, ouvrant le juteux marché nigérian aux paysans. Génial ? Oui, mais gare à la flambée des prix locaux !
Le Bénin secoue le marché ! Le 23 juin, le ministère de l’Industrie et du Commerce a dynamité l’interdiction d’exporter les produits vivriers, en vigueur depuis juin 2024. Maïs, manioc, igname : ces trésors agricoles peuvent désormais conquérir le Nigeria. Une décision explosive, qui pourrait doper l’économie rurale ou faire trembler la sécurité alimentaire.
Le Bénin, c’est 70 % de campagne, des champs à perte de vue et des agriculteurs qui triment. Cette levée, c’est leur ticket pour l’eldorado nigérian, un marché qui pèse 129,3 millions de dollars, soit quelques 72 milliards de Francs Cfa, d’échanges en 2024. Les paysans pourraient enfin remplir leurs poches ! « Nos producteurs doivent viser grand », a lâché Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, le 4 juillet, avec un aplomb qui donne le ton. Et pour cause : exporter du gari ou des céréales au Nigeria, c’est du cash direct pour les campagnes.
Le Plan stratégique de relance du secteur agricole (PSRSA) en rêvait, cette décision le fait peut-être. Mécanisation, intrants, filières structurées : le Bénin veut une agriculture qui cogne fort. La zone de Glo-Djigbé, déjà boostée par l’interdiction, passe à la vitesse supérieure. L’objectif ? Transformer chaque hectare en or, pour les paysans et pour le pays.

Le Nigeria, jackpot ou piège ?
Le timing est chirurgical. Le 21 juin 2025, Cotonou et Abuja ont signé un deal historique pour doper leurs échanges. Le SIGMAT à Sèmè-Kraké fluidifie les douanes, réduit la fraude et ouvre grand les portes. Le Nigeria, qui absorbe 31 % des exportations béninoises dans la CEDEAO, est une mine d’or. Riz, huile de palme, fruits : tout s’arrache ! Mais attention, le commerce informel, qui échappe à 85 % aux radars selon le Club du Sahel, reste un caillou dans la chaussure. Et les normes sanitaires nigérianes, avec leurs 29 barrières contre 6 au Bénin, sont un casse-tête. Si le gouvernement ne muscle pas son jeu, ce rêve pourrait virer au fiasco.

Sécurité alimentaire en jeu !
Ne voilons pas la face : cette levée est une bombe à retardement. L’interdiction de 2024 visait à protéger les marchés locaux face à l’inflation régionale. Avec des récoltes en hausse et des prix en baisse (-1,8 % selon l’INStaD), le gouvernement du Bénin se sent les coudes larges. Mais ouvrir les vannes sans garde-fous, c’est jouer avec le feu. Si le maïs ou l’igname filent à Lagos, les marchés de Cotonou risquent la pénurie. Résultat ? Une flambée des prix qui frappera les 38,4 % de ruraux sous le seuil de pauvreté.
Regardez la Côte d’Ivoire : elle prolonge son interdiction pour sécuriser ses stocks. Le Bénin, lui, fonce tête baissée. Avec une agriculture à 7 % mécanisée, vulnérable aux caprices du climat, le pari est risqué. Une exportation massive pourrait vider les greniers plus vite qu’un essaim de criquets.
Pas de panique, mais pas de naïveté non plus. Le Bénin doit encadrer ce virage avec poigne. Des quotas, des taxes à l’export, des stocks tampons : il faut des garde-fous, et tout de suite ! Investir dans la mécanisation et la transformation – à peine 3 % du coton est transformé localement – est non négociable. Les paysans ont besoin de subventions, de formations, de silos modernes pour produire plus et mieux. « Les agriculteurs comprennent quand on leur explique », dixit Houngbédji. Alors, expliquez, mais surtout agissez ! Des crédits agricoles accessibles et une communication musclée peuvent faire des miracles.
Cette levée, c’est un pari à la béninoise : audacieux, culotté, risqué. Si le gouvernement joue finement, l’agriculture béninoise pourrait devenir un poids lourd régional, surfant sur le Nigeria tout en nourrissant ses citoyens. Mais sans stratégie béton, c’est la claque assurée. Le Bénin a les cartes en main pour transformer ses champs en moteur économique. À lui de ne pas les brûler !

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