AEPHA : Deux ans après la promesse mondiale, un centre de santé sur trois toujours sans eau ni savon
Depuis lundi 24 mai se tient à Genève (Suisse) la 74ème Assemblée Mondiale de la Santé. À l’occasion de cette rencontre internationale, WaterAid a souligné la nécessité pour États membres de tenir leur promesse de garantir l’accès universel à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène dans tous les hôpitaux et centres de santé.
Donner la priorité à l’hygiène dans les établissements de santé, notamment dans l’actuel contexte de pandémie de COVID-19. C’est l’appel que lance WaterAid aux 194 membres de l’Assemblée mondiale de la santé actuellement réunis à Genève. Dans un communiqué de presse rendu public, lundi 24 mai, jour d’ouverture de l’Assemblée, l’organisation internationale rappelle aux États leur engagement à favoriser l’accès universel à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène dans tous les établissements de santé. Une promesse faite deux ans plus tôt mais qui n’a pas été tenue, décevant de nombreuses attentes.
« …il existe des lacunes importantes dans les services WASH de base dans les établissements de santé des pays d’Afrique de l’Ouest et du monde entier. Un établissement de santé sur quatre dans le monde n’a toujours pas d’eau potable sur place. Une personne sur trois n’a toujours pas d’endroit pour se laver les mains là où les patients sont traités et une personne sur dix n’a toujours pas de toilettes décentes », déclare WaterAid dans le communiqué. Pourtant, souligne l’organisation, la pandémie de la COVID-19 a mis en évidence à quel point ces services de base sont essentiels pour prévenir les infections.
« Dans le monde, 1,8 milliard de personnes risquent de contracter une maladie parce qu’elles utilisent ou travaillent dans un établissement de santé dépourvu de services d’eau de base », indique Helen Hamilton, analyste politique à WaterAid. Pour elle, une telle situation est incompréhensible au 21ème siècle. « Il suffirait de 30 centimes de dollars par an pour que chaque centre de santé et chaque hôpital des pays les plus pauvres disposent d’un approvisionnement en eau fiable, de toilettes en état de marche et d’une bonne hygiène. Cela pourrait sauver la vie d’un million de nouvelles mères et de bébés qui ne mourraient pas d’une infection », note Helen Hamilton.
L’Afrique de l’ouest, bon dernier
D’après WaterAid, les nouvelles données, qui seront présentées de la 74ème Assemblée mondiale de la santé, montrent clairement que les établissements de santé n’ont toujours pas d’endroit où se laver les mains avec du savon. Ce qui pourtant est nécessaire pour protéger les patients et le personnel de santé contre l’infection et la propagation du virus mortel et d’autres infections. Mieux, dans les pays les plus pauvres du monde, la moitié des hôpitaux et des cliniques ne disposent pas d’eau potable sur place.
L’Afrique de l’ouest est en tête des régions où les taux les plus faible d’AEPHA sont notés. « Il est choquant de constater que, 54% des structures de santé du Nigéria, la plus grande économie du continent, ne disposent pas d’une source d’eau propre sur place. En Sierra Léone, malgré la reconstruction des systèmes de santé suite à la dévastation due au virus Ebola, 79% ne disposent toujours pas de ce service indispensable », relève WaterAid dans son communiqué.
« Le moment est venu pour les dirigeants de tenir leurs promesses », déclare Abdul-Nashiru Mohammed, directeur Afrique de l’Ouest de WaterAid. Pour lui, « essayer de créer un plan solide de préparation et de réponse à une pandémie sans s’assurer que chaque centre de soins dispose d’une eau propre et de la capacité de garder ses patients, ses agents de santé de première ligne et ses locaux en sécurité et propres, c’est comme construire une forteresse avec un trou béant là où la porte devrait être. Si les dirigeants mondiaux ne prennent pas conscience de cette situation, d’autres vies seront perdues inutilement. »
Jesdias LIKPETE