Intervention militaire au Niger : Les questions et recommandations à la Cedeao et au Bénin
En réponse au putsch intervenu au Niger, mercredi 26 juillet, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a réagi en demandant le rétablissement de l’ordre constitutionnel, n’hésitant pas à envisager l’usage de la force si nécessaire. En tant que pays membre, le Bénin tout en appliquant les décisions de l’organisation sous-régionale, s’est également engagé à participer à l’action armée afin renvoyer l’armée nigérienne dans les casernes. Face à cette décision controversée, le parti « Les Démocrates » a fait une déclaration de presse, samedi 5 août, pour appeler le gouvernement béninois et les autres États de la Cedeao à la retenue.
À l’instar de beaucoup d’autres organisations africaines ou internationales, le Parti « Les Démocrates » condamne fermement le coup de force qui a renversé le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. « Les Démocrates condamne toute prise de pouvoir par la force, quelle que soit la forme qu’elle prend, et regrette la résurgence et la prolifération des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest », ont dit les membres du parti.
Toutefois, ils ne manquent pas de souligner les causes qui favorisent cet état de chose en Afrique. Pour eux, de tels événements se produisent souvent dans des contextes politiques et socio-économiques marqués par l’injustice, les privations de liberté, l’exploitation des populations et l’accaparement des richesses par un groupuscule. Face à ce triste constat et dans l’optique de donner priorité à la préservation de la paix, le parti lance un appel aux pays membres de la CEDEAO en faveur de trois actions prioritaires.
Les recommandations à la CEDEAO
Premièrement, le parti préconise à l’organisation sous-régionale de privilégier la diplomatie et le dialogue en tant que voie principale de gestion des conflits. Pour les membres du parti, le dialogue est l’alternative essentielle pour réconcilier les parties prenantes et unir les forces nécessaires afin de lutter contre le terrorisme qui menace l’espace CEDEAO. Cette approche évite le recours à une guerre aux conséquences imprévisibles, susceptible de déstabiliser les hommes, les économies et les États.
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Deuxièmement, le parti appelle à promouvoir la prévention en luttant fermement et sans hypocrisie contre les coups d’État constitutionnels et la mal-gouvernance dans tous les pays de la région. Cette mesure vise à éviter les conséquences tragiques que l’on déplore aujourd’hui. Dans cette optique, le parti soutient la mise en place d’un mécanisme africain d’évaluation par les pairs, permettant d’évaluer les progrès des pays membres de la CEDEAO en matière de gouvernance et de respect des principes démocratiques.
Un questionnement à l’endroit du gouvernement de Patrice Talon
Par ailleurs, le parti exprime à l’endroit du pouvoir béninois des préoccupations quant aux fondements juridiques de la déclaration de guerre à un État membre de la CEDEAO. Il s’interroge également sur les mécanismes par lesquels le Gouvernement envisage de solliciter l’autorisation du Parlement pour engager des forces militaires dans une guerre contre un État voisin. Le financement de cet effort de guerre est également une question qui préoccupe le parti.
Le Parti Les Démocrates adresse donc une demande aux autorités du Bénin, résolument engagées dans l’option de la force, de faire preuve de raison et de réalisme politique et économique dans leurs décisions. Plutôt que d’encourager une voie périlleuse et imprudente, le parti appelle les dirigeants à être les promoteurs du dialogue, de la négociation et de la réconciliation, garants de la paix pour la République sœur du Niger et protecteurs des intérêts communs de nos deux peuples et de nos deux États.
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En conclusion, le Parti Les Démocrates réitère son appel au dialogue politique national, considéré comme un levier indispensable pour la promotion de la paix et du développement au sein du pays. La stabilité et la prospérité de la région dépendent d’une approche concertée et pacifique pour résoudre les crises, notamment le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger. Seul un engagement sincère envers la diplomatie et le dialogue peut ouvrir la voie à un avenir stable et florissant pour l’Afrique de l’Ouest.
Franck-Marie AGOSSOU