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Sécurité alimentaire au Bénin : Face aux défis climatiques, ACED et ses partenaires ouvrent la voie vers l’e-agriculture

Selon un rapport (2022) du département des affaires économiques et sociales des nations unies, l’Afrique devra, d’ici 2050, augmenter sa production agricole de 100% afin de nourrir sa population de plus en plus croissante. Pour relever ce défi rendu complexe par le caractère pluvial de l’agriculture africaine, et donc soumis aux vulnérabilités climatiques, il y a les solutions numériques. Afin d’échanger sur les résultats de l’étude de profilage du Bénin en matière d’e-agriculture et d’adaptation au changement climatique, le Centre africain pour le développement équitable (ACED), en collaboration avec le Global center on adaptation (GCA) et la Banque africaine de développement (BAD), a réuni à Cotonou, mercredi 26 juillet 2023, les différentes parties prenantes de l’e-agriculture et de l’adaptation aux changements climatiques.

Initiée en collaboration avec ses partenaires, notamment le Global center on adaptation (GCA) et la Banque africaine de développement (BAD) dans le cadre du programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP), cette étude conduite par ACED a consisté à évaluer l’état de préparation du Bénin pour l’utilisation du numérique dans l’adaptation aux effets du changement climatique. Pour le directeur exécutif de ACED, Fréjus Thoto, il a surtout été question de faire l’état des lieux actuel du recours au numérique dans le secteur agricole au Bénin. Ainsi, l’étude a permis d’adresser le potentiel réel de l’e-agriculture, les défis à relever et les leviers d’investissement à actionner afin de « nous assurer que le secteur du numérique puisse révéler tout son potentiel afin de soutenir l’adaptation aux changements climatiques dans le secteur agricole », a-t-il précisé.

Intervenant par visioconférence, Robert Masumbuko, représentant résident de la BAD au Bénin, a rappelé que son institution financière investit au Bénin plus 700 millions de dollars dans différents domaines, dont l’agriculture. « Mais depuis quelques temps, sous l’égide du président du groupe de la Banque africaine (BAD, ndlr), nous nous sommes rendus compte que de plus en plus, tout est sujet au climat. Tous les plans que l’on fait, les financements que l’on glisse, si la problématique du changement climatique n’est pas prise en compte, beaucoup de choses peuvent très rapidement se détériorer et les résultats ne pas être atteints », a-t-il fait remarquer pour souligner l’importance et la pertinence de la transformation numérique de l’agriculture africaine en général, celle du Bénin en particulier.

À ce titre, Robert Masumbuko assure que la BAD est déjà prête à financer la mise en œuvre des conclusions de l’étude soumise à l’évaluation de différents acteurs réunis à Golden Tulip, ce mercredi 26 juillet. « Dès que ce rubicond d’aujourd’hui sera passé, ce ne sera pas un document qui sera mis dans un tiroir. C’est un document qui va redéfinir la stratégie de la Banque africaine avec les autorités béninoises », souligne-t-il.

Avant l’ouverture officielle de l’atelier dialogue par la secrétaire générale du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Maep), le directeur général du Fonds national pour l’environnement et le climat (Fnec), Apollinaire Gnanvi a rappelé les différents engagements pris par le Bénin en matière d’adaptation au changement climatique. Selon lui, l’objet du présent atelier est donc le bienvenu étant donné qu’il s’encadre très bien dans les prévisions du Bénin en termes de résilience des communautés vulnérables aux effets du changement climatique.

E-agriculture : pas une option, plutôt un impératif

« Malgré le vaste potentiel agricole du continent et nonobstant les efforts fournis par plusieurs pays, nous sommes toujours aux prises avec le paradoxe de ne pas pouvoir répondre aux demandes alimentaires actuelles et futures. Ceci est largement dû à la vulnérabilité de notre agriculture aux changements climatiques car elle est principalement pluviale et donc susceptible à des événements météorologiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations », a déclaré Françoise Komlan Assogba, secrétaire générale du Maep, en lançant les travaux. Pour elle, face à ces défis, les solutions numériques présentent une voie prometteuse pour l’adaptation.

« Les services et conseils liés au climat, délivrés par le biais des plateformes numériques, s’ils sont bien coordonnés, peuvent permettre aux acteurs agricoles d’obtenir des informations sur les différents facteurs qui influencent la production agricole et de prendre des décisions efficaces pour une agriculture quotidienne et planifiée », a-t-elle expliqué. En conséquence, elle a remercié le Global center on adaptation (GCA), la Banque africaine de développement (BAD) et ACED pour leur contribution à renforcer le e-agriculture au Bénin. Car, a précisé Françoise Komlan Assogba, « la transformation numérique de notre agriculture n’est pas seulement une option, elle est un impératif pour notre survie et notre prospérité ».

En effet, afin d’assurer l’adoption et la propagation des solutions numériques pour favoriser l’adaptation au changement climatique, le GCA et la BAD mettent en œuvre le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP). Il s’agit à travers ce programme d’accroître la disponibilité, l’accessibilité (à la fois physique et financière) et l’applicabilité des solutions numériques en se basant sur les données de l’agriculture africaine.

C’est dans cette perspective qu’en collaboration avec ACED, une étude a permis de faire l’état des lieux du niveau de diffusion et d’utilisation du numérique dans la production agricole au Bénin, à l’instar d’autres pays africains. Ainsi, tel que rappelé plus haut dans son discours de bienvenue par le directeur exécutif de l’Ong, Fréjus Thoto, ce profilage a consisté à évaluer l’état de préparation du pays à la transformation numérique de l’agriculture et de l’adaptation en questionnant six facettes. Il s’agit de l’étendue des défis climatiques et des potentiels d’adaptation, l’infrastructure numérique, le niveau de pénétration numérique, la politique et la réglementation, l’environnement commercial, le capital humain et l’agro-innovation. Les données probantes issues de ce profilage permettra de renseigner les interventions sur la meilleure manière d’exploiter les opportunités offertes par le numérique pour l’adaptation au changement climatique.

L’adhésion des parties prenantes

Les résultats des travaux de ce profilage du Bénin, toilettés et amendés en fonction des observations et orientations faites lors d’un premier atelier dialogue multi-acteurs tenu les 11 et 12 février 2023, ont été présentés par le docteur Rodrigue Castro Gbèdomon, directeur de la recherche et de l’apprentissage à ACED. Cette présentation a permis aux participants à l’atelier dialogue d’apprécier, en partant du contexte agricole du Bénin face aux vulnérabilités climatiques, les écosystèmes favorables à l’e-agriculture et de l’adaptation au changement climatique. Elle est surtout revenue sur les implications et les actions impératives pour rendre possible la transformation numérique agricole au Bénin.

Les résultats présentés ont fait l’unanimité des parties prenantes présentes à cette rencontre de Golden Tulip, qui pour la plupart sans discuter le contenu ont posé des questions d’éclaircissement.

Rappelons que les participants viennent d’entreprises porteuses de solutions numériques agricoles, des organisations professionnelles de producteurs, des institutions et agences publiques en charge du secteur agricole, du numérique et du climat, des établissements d’enseignement supérieur et de recherche dans le secteur agricole, les partenaires techniques et financiers actifs sur les questions de l’agriculture, du numérique et du climat.

Jesdias LIKPETE

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